La comtesse Elizabeth Báthory (7 août 1560 – 21 août, 1614) était une comtesse hongroise de la prestigieuse famille des Báthory. Elle fait partie des plus célèbres tueurs en série de l’histoire Hongroise et Slovaque. Elle est souvent évoquée sous le sobriquet de "dame sanglante de Čachtice" du nom du château près de Trenčín, où elle a vécut la plus grande partie de sa vie.
Après la mort de son mari, elle et quatre collaborateurs présumés furent accusés de torture et de meurtre de nombreuses filles et jeunes femmes dont le nombre reste incertain. En 1610, elle fut emprisonnée dans le château de Čachtice, où elle est restée jusqu’à sa mort pendant quatre ans. Son origine noble lui évita un procès et une exécution.
Le cas de Báthory a inspiré de nombreuses histoires et légendes dans lesquelles elle se serait baignée dans le sang de ses victimes pour garder sa jeunesse. Ce qui inspira des surnoms comme La comtesse sanglante ou la comtesse Dracula. Mais ces légendes ont été largement écartées par les historiens modernes. Elles persistent malgré tout dans les croyances populaires.
MariageBáthory, fut à l’âge de 11 ans engagée envers Ferenc Nádasdy et déménagea à Nádasdy dans le château de Sárvár, où il est dit qu’elle aurait eu une aventure avec un paysan et aurait donné naissance à une fille illégitime mort-née. En 1575, à l’âge de 15 ans, elle se maria avec Nádasdy à Vranov nad Topľou.
Le cadeau de mariage pour Báthory fut sa maison, le château de Čachtice situé dans les montagnes Carpates près de Trenčín. Le château lui-même était entouré d’un village et de terres agricoles. C’est en 1602 que Nàdasdy a acheté ce château à l’empereur Rodolphe II du Saint-Empire, et devint ainsi une propriété de la famille.
En 1578, Nádasdy était devenu le commandeur en chef des troupes hongroises, qu’il mena durant la guerre contre les turcs. Il était considéré à la fois comme brave et cruel. Son mari étant à la guerre, c’est Elizabeth Báthory qui gérait ses affaires.
Durant la longue guerre des Ottomans (1593-1606), elle fut chargée de la défense des propriétés de son mari. La menace était sérieuse, car le village de Čachtice avait été pillé par les turcs en 1599, tandis que Sárvár se trouvant près de la frontière qui séparait la Hongrie royale et la Hongrie ottomane, était même en plus grand danger.
Elizabeth était une femme éduquée qui savait lire et écrire dans quatre langues. D’après les lettres qu’elle a laissées, on connaît plusieurs cas où elle intervint en faveur de femmes destituées, notamment une femme dont le mari avait été capturé par les turcs et une femme dont la fille avait été violée et mise enceinte.
Son mari succomba en 1604 à l’age de 47 ans. Il est admis communément que son décès serait lié à une blessure reçue au combat, tandis que d’autres sources prétendent qu’il aurait été assassiné par une prostituée ou par le général Giorgio Basta dont le règne de terreur en Transylvanie avait conduit à un déclin du pouvoir de la famille Báthory. Plus tard, l’empereur Matthias Ier du Saint-Empire refusa de payer la dette qu’il devait à Nádasdy.
InvestigationEntre 1602 et 1604, le prêtre luthérien István Magyari vint à se plaindre à la fois publiquement et à la cour de Vienne, concernant des atrocités commises suite à certaines rumeurs..
Les autorités prirent un certain temps avant de répondre aux plaintes de Magyari. Finalement, en 1610, le Roi Matthias, chargea György Thurzó, palatin de Hongrie, de l’enquête. Thurzó chargea deux notaires de rassembler les preuves en mars 1610. Avant même d’avoir obtenu des résultats. Thurzó commença à négocier avec le fils d’Elisabeth et ses deux beaux-fils. Un procès et une exécution auraient causé un scandale public, jeté la disgrâce sur une noble famille influente (qui a l’époque régnait sur la Transylvanie), et la fortune considérable d’Elisabeth aurait été saisie par la couronne. Thurzó se mit d’accord pour assigner Elizabeth Báthory à résidence.
Arrestation et procès29 septembre 1610 >> arrestation d'Elizabeth Bathory ainsi que 4 de ses serviteurs.
La comptesse resta assignée dans sa demeure pendant que ses serviteurs étaient "jugés"
7 Janvier 1611 >> procès des serviteurs
Dorko, Ilona et Fickó furent désignés coupables et exécutés. Dorko et Ilona eurent les doigts arrachés avant d’être jetées au feu. Tandis que Fickó, dont la culpabilité fut jugée moindre, fut décapité avant d’être jeté aux flammes. Un échafaud public fut érigé près du château pour montrer que justice avait été rendue. Katalin Benická fut condamnée à une sentence de prison à vie, car elle n’avait agi que sous la contrainte et l’intimidation des autres, comme en attestent les témoignages.
La comtesse resta enfermée dans une seule pièce de sa demeure jusqu'à sa mort.
AccusationsLes témoignages collectés en 1610 et 1611 s’élèvent à un total de plus de 300 relevés. Les rapports du procès comprennent les témoignages des 4 accusés, ainsi que ceux de 13 autres témoins et le reste des domestiques du château.
Ses victimes initiales étaient des filles paysannes locales qui étaient attirées à Čachtice par des offres de travail bien–payé en tant que servantes dans le château. Plus tard elle aurait commencé à tuer des filles de la basse noblesse.
Les descriptions de torture qui furent mises en évidences durant le procès étaient souvent basées sur le ouï-dire. Parmi les atrocités décrites les plus probables, on cite notamment :
* des passages à tabac sévères durant de longues périodes, conduisant souvent à la mort.
* des brûlures et diverses mutilations des mains, parfois aussi sur les visages et les parties génitales
* des morsures arrachant des parties de peau de visages, de bras et du corps
* l'exposition de victimes au froid jusqu’à ce que mort s’en suive
* la mort de victimes en les affamant.
L’utilisation d’aiguilles fut aussi mentionnée par les collaborateurs au procès.
Le nombre total de jeunes filles torturées et tuées par Elizabeth Báthory reste inconnu, bien qu’il fut parfois mentionné une centaine, entre les années 1585 et 1610. Les estimations diffèrent grandement. Szentes et Fickó en reportent respectivement 36 et 37, au cours de leur période de service. Les accusés estiment le nombre à une cinquantaine ou plus. Le personnel du château de Sárvár estime le nombre de corps retirés du château entre 100 et 200. Un témoin au tribunal mentionna un carnet, dans lequel un total de 650 victimes serait supposé avoir été listées par Elizabeth Báthory elle-même. Ce carnet n’a été mentionné nulle part ailleurs, et n’a jamais été découvert ; cependant ce nombre est devenu part de la légende entourant Báthory.
Folkore et culture populaire
Le cas d’ Elizabeth Báthory inspira de nombreuses histoires au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Le motif le plus fréquent de ces œuvres étant celui présentant une comtesse se baignant dans des bains de sang de ses victimes afin de garder beauté et jeunesse.
Cette légende est apparue pour la première fois en 1729 sous la plume de László Turóczi, un érudit jésuite dans le livre Tragica historia le premier écrit consacré à Báthory. Des historiens modernes comme Radu Florescu et Raymond T. McNally en ont conclu que les théories présentant la vanité comme motif des meurtres d’Elisabeth provenaient essentiellement de stéréotypes liés au rôle social des femmes à l’époque. On ne pouvait pas envisager que les femmes soient capables de violence gratuite.
Au début du XIXe siècle, la thèse de la vanité fut remise en question et le plaisir sadique fut considéré comme un motif plus plausible de ses crimes. En 1817, les rapports de temoignages ( qui avaient été retrouvés en 1765) furent publiés pour la première fois prouvant que les histoires de bain de sang n’étaient que légende.
Néanmoins la légende a persisté dans l’imaginaire populaire. Au point où ces éléments de légendes viennent à être pris pour des faits historiques. Certaines versions de l’histoire visaient clairement à véhiculer une morale dénonçant la vanité féminine, tandis que d’autres visaient à distraire et faire frissoner par le caractère sensationnaliste et macabre.
La comtesse continue de figurer, de nos jours, comme personnage de fiction en musique, dans les films, les livres, les jeux et les jouets. Elle fut aussi source d’inspiration de personnages similaires.
Cinéma * Les lèvres rouges de Harry Kumel (1971)
* Comptesse Dragula de Peter Sasdy (1971)
* Contes immoraux de Walerian Borowczyk (1974)
Des éléments de l'histoire de Bathory on été inclus dans le film d'horreur Stay alive (2006) ainsi que dans le film d'horreur Eternelle (2004)
Une scène du film Hostel - chapitre 2 réalisé par Eli Roth montre Lorna (Heather Matarazzo) attachée nue par les pieds la tête en bas à 1m50 du sol, au dessus d'une baignoire dans laquelle une tortionnaire nue la lacère avec une faux afin d'être baignée de sang.
En 2005, dans le film de Terry Gilliam “Les fréres Grimm” , le personnage de “La reine au miroir” interprétée par Monica Belluci y fait indirectement référence, personnage obsédé par la jeunesse et la beauté éternelles, prisonnière dans la tour de son propre château et qui par l'intermédiaire de l'un des ses sujets dévoués, enlèvent des jeunes filles en les plongeant dans un sommeil proche de la mort dans le but de les sacrifier le moment venu.
Littérature * La comptesse sanglante par Valentine Penrose
* La comptesse sanglante par Andrei Codrescu